Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le bel animal blanc et ne put s’empêcher de grommeler :

— Quand les hommes sont aveugles, il faut bénir les bêtes charitables !

Dignement, Marovée se retira, la procession de ses clercs et de ses esclaves filant en sens inverse de la bande des aventuriers.

Harog et Ragna barricadèrent immédiatement les vantaux renforçant les verroux de pointes de lance.

L’audacieux coup de main ayant réussi, on pourrait souffler, il ne restait plus qu’à se fortifier en supposant que les lois guerrières vinssent à supplanter les lois religieuses. On constata qu’on avait perdu deux mendiants, deux chiens et un cheval trop atteint pour espérer le guérir. Il fut achevé séance tenante et jeté dans une crypte, derrière un tombeau. Méréra étant sauve, Harog ne regretta point ses chiens. Pour les mendiants, ils s’étaient sans doute détournés du droit chemin de l’honneur. Chacun se mit donc en devoir de panser ses blessures, puis de mener les bêtes aux écuries. Dans la fièvre de l’action, Basine n’avait pas senti l’effleurement d’un trait, son front saignait un peu. Chrodielde vint à elle, presque émue.

— Tu es blessée, ma cousine ? dit-elle. Quelle