Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/28

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Ragnacaire toucha l’épaule d’Harog, constata que le jeune garçon se mouillait d’une sueur froide.

— Tu as la fièvre. Il faut te recoucher. Je veillerai sur Méréra, si tu es en peine d’elle. Les petits seront pour nous.

— Nous garderons les petits nés cette nuit. Le chef ne les a pas achetés, puisqu’ils ne comptaient pas dans la troupe.

— Et la portée de la chienne doit appartenir au premier maître, affirma Ragnacaire.

— Tu es certain de ce que tu dis, Ragna ?

— Aussi sûr que Dieu est tout seul de son espèce !

Ils regagnèrent l’étable suivis de leurs chiens anxieux et grognants.

Méréra ne hurlait plus, accroupie sur son ouvrage terminé, léchant un petit vivant, tout blanc au-dessus du tas des quatre autres morts, presque noirs.

Harog s’assit, la tête basse.

— Je n’ai jamais rien vu de plus blanc au monde, ni au ciel où volent des nuages couleur de lait, ni sur terre où l’on est obligé d’égorger l’agneau de Pâques !

— Un beau petit chien, soupira Ragnacaire, mais c’est un malheur de perdre ceux qui sont noirs et moins faciles à reconnaître pour le loup.