Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/27

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roi nous jugera plus tard. J’ai un couteau. Tu as nos bêtes…

Harog ouvrit la porte et Ragnacaire rassembla les chiens qui rampaient autour d’eux prêts à toute alerte.

Dans la cour de la maison royale, ils ne rencontrèrent que des gardes jouant ou buvant paisiblement. La lueur des torches s’éteignait, remplacée par celle de l’aube. Le gros homme barbu, dont les jambes s’ornaient alternativement de cicatrices et de bandelettes de cuir, dormait encore, vautré dans la boue, comme les porcs, ses voisins, dans le fossé qui séparait le camp. Des esclaves couraient çà et là, mettant de l’ordre, ramassant les pots, les torches, les armes. Ils avaient dû recueillir, avec ce qui restait de vin au fond des outres, la fille nue et ce qui pouvait lui demeurer d’amour au fond des entrailles.

Harog se frottait les yeux, croyant toujours que le cauchemar continuait.

— Tu as rêvé de loups, berger, murmurait Ragnacaire en examinant son compagnon, la mine inquiète.

— J’ai rêvé… j’ai cru entendre les cris d’une créature de Dieu ! Ce n’étaient que les cris de ma chienne.