Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/282

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car il connaissait bien ces nuits effroyables où l’âme oublie qu’elle est d’essence divine pour arder vers les voluptés démoniaques. À force de soumission, de tendre douceur, il la guérirait peut-être… ou lui aussi mourrait de son mal… sans plus se plaindre.

Cette nuit-là, tous les hommes furent ivres. Un seul demeura triste, les yeux fixés sur une femme. Au plus bruyant de l’orgie quelque chose de sinistre les dégrisa : l’emmurée du monastère de Radegunde, celle qui n’avait pas de nom, tomba dans la tonne défoncée, tête en avant, ayant voulu trop boire. On la retira vivante, mais on ne pouvait plus se servir de ce vin empesté par une infecte odeur de pourriture. Hoquetant de dégoût, ils s’endormirent pêle-mêle, les nonnes à côté des bandits, une princesse dans les bras d’un porcher.

Basine, elle, gagna la chambre de Marovée, tandis qu’Harog, roulé dans son manteau, se couchait sur le seuil entre son couteau et sa chienne.

Pendant que les rebelles installaient leurs quartiers d’hiver à la basilique de Saint-Hilarius, en ayant chassé tous ses prêtres, Marovée fit diligence pour instruire de ce scandale toute la chrétienté des Gaules. Le saint et savant Grégorius de Tours ayant épuisé ses conseils charitables, d’autres évêques s’émurent. Selon quelques-uns, il fallait mettre