Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/291

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— C’est la pure vérité puisqu’il te garde ! affirma railleusement Basine.

Childéric se mit en colère sous ce cinglement de fouet.

— Je vous entends tous, vous êtes là, me croyant avili par le vin ? Vous pensez tous : il boit bien, mais c’est un petit homme qui ne saurait se mesurer à la grandeur de nos exploits… Tenez, je vous défie. (Et Childéric-le-Saxon sembla se hérisser de tous ses poils d’ours.) À moi tout seul je ferai plus pour Chrodielde et pour Basine que vous tous ensemble. (Se tournant vers la troupe des mendiants et des esclaves, il rugit :) Vous êtes des pourceaux ! Vous êtes des chiens ! Vous êtes des lâches ! Quand on veut livrer bataille, on ne vient pas se cacher dans un trou de taupe. J’ai beaucoup bu, mais je connais la guerre mieux que vous. On court sus à l’ennemi dans les chemins libres et non dans les cryptes bien garanties par de fortes murailles ! Que faites-vous ici ? Nous vivons à la manière des moines. Nous jouons aux dés, mangeant et buvant, caressant les filles. Vous êtes de simples cardeurs de laine ! Vos ennemis… je ne les ai jamais aperçus ! j’arrive ici par une nuit d’enfer et c’est toujours aussi noir chez vous ! Plus je bois, moins j’y vois clair et je n’ai pas la coutume de fermer les yeux