Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/290

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cesser ce jeu, car on va nous attaquer. J’ai vu, des galeries, un grand concours de clercs se rassembler devant le porche.

— Cela va être plaisant si c’est le Saint Chrême… s’entêta le Saxon, moi je n’ai jamais bu de ce baume, j’en voudrais bien tâter une fois en ma vie.

— Ce sont les évêques ! cria Basine qui descendait l’escalier des galeries, toute pâle d’émoi.

— Les évêques… ah ! Quels évêques ? Je vous le disais bien, c’est le Saint Chrême qu’on m’apporte. Vous n’allez pas m’empêcher d’y goûter, mes amis… il y en aura peut-être pour tout le monde !

Ragna s’impatienta :

— Ce n’est pas le jour de braver les dieux quels qu’ils soient. A og ! tu n’es bon qu’à t’enivrer. Cède le pas aux chefs qui vont protéger les femmes.

Chrodielde s’approchait, nonchalante, balayant le pavé de sa robe rouge.

— On se dispute encore ! fit-elle énervée. Laisse-le, Ragna, tu vois bien qu’il a bu beaucoup. Les évêques attendront. Ils ont de la patience, eux !

Childéric se redressa, l’écoutant, fronçant peu à peu les sourcils.

— Ragnacaire n’est qu’un gardeur de porcs ! gronda t-il.