Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/294

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— Quand on essayerait de l’empêcher de faire à sa guise, ce serait peine perdue… Il est fort comme un cheval dès qu’il s’emporte.

On ne savait plus à qui répondre. Les mendiants s’effaraient de la possibilité d’une excommunication, conservant le souvenir des eulogies, et les criminels se moquaient des sacrilèges. Personne, du reste, n’obéissait plus à personne.

L’ivrogne, buté contre le vantail, arracha les barres, tira les verrous, puis ce fut, soudain, l’irruption de la lumière pénétrant à flots, du vent pur chassant l’affreuse odeur des fauves…

Le moment solennel arrivait, mettant les deux partis en présence. D’un côté les rayons du ciel, le jour d’un tendre bleu, tout étincelant des transparentes fleurs du givre, les évêques en grand costume d’or et de soie, leurs clercs allumant des cierges, les diacres dressant les évangiles, aspergeant le parvis d’eau sainte et enfin la croix du Christ se levant, ses bras offerts… De l’autre côté, les ténèbres, l’esprit du mal, les péchés de colère, de luxure, par-dessus tous les péchés celui de l’orgueil d’Harog et de Basine rêvant peut-être de ravir la gloire des anges…

Childéric-le-Saxon, placé entre les deux partis, baissait son front d’ours noir, surpris de tant de