Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/295

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clartés. Titubant, les jambes molles, il essayait de s’expliquer maintenant ce qu’on lui voulait, ce qu’il voulait…

Marovée s’avança en tête du cortège, Gundégisil, évêque de Bordeaux, lui ayant cédé son rang parce qu’il était seigneur de la basilique de Poitiers.

— Homme insensé, tu es ivre ! dit le prélat d’une voix tremblante de dégoût, que viens-tu faire chez les séditieux ? As-tu de mauvais desseins contre nous qui leur apportons la remise de leurs peines éternelles s’ils nous veulent ouïr sagement ?

— Moi, fit Childéric-le-Saxon d’un ton bourru, je suis entré chez eux pour boire et je ne me mêle point de vos querelles. Basine est fière comme le jeune faon à son premier bois… Quant à Chrodielde, c’est une urne d’amour… mais j’aime mieux le vin de la messe et je déclare, saint homme, qu’il n’en est pas de meilleur. Je suis ici pour le défendre. Entre si tu veux.

Childéric paraissait monstrueux, la figure encore toute pourpre du vin répandu et les mains comme ensanglantées.

Harog se présenta derrière lui, grave et tout blanc dans une tunique d’agneau, ses seuls cheveux noirs lui assombrissant la face.

— Seigneur Marovée, dit-il, n’entre pas, car je