Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/297

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régnants, vos parents, nous vous enjoignons de nous ouïr d’une oreille attentive.

Les deux princesses s’étaient assises l’une près de l’autre sur le tombeau de Radegunde, se réconciliant ce jour-là pour tenir tête aux évêques. Le rayon de lumière venu du porche les éclairait, laissant dans l’obscurité derrière elle la troupe d’Harog, pendant que Childéric-le-Saxon, adossé au baptistère, essuyait gauchement le vin de ses joues et tâchait de prendre une contenance plus digne.

Marovée poursuivit, le ton rempli d’une indicible tristesse :

— Nous ne désirons pas la mort des pécheurs, nous les hommes de Dieu, mais la loi de notre religion, votre règle nous ordonnent de vous signifier l’excommunication, mes filles, pour ce que vous avez brisé la clôture de votre monastère et que vous êtes en rébellion armée contre votre abbesse ! Voici le seigneur Gundégisil, évêque de notre métropole, qui va vous lire votre sentence. Par la Sainte Croix à l’ombre de laquelle vous fûtes élevées, mes filles, par le pieux souvenir de la communion, du pain de vie que, si souvent, j’ai rompu avec vous, par la faiblesse de vos membres d’enfant que j’ai tenus à la présentation du baptême, votre évêque et votre père vous adjure de vous