Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/296

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crains pour toi et les tiens des outrages que je ne saurais venger.

— Finissons-en, maugréa Gundégisil hautain, nous entrerons pour communiquer le parchemin de leur excommunication à ces religieuses rebelles. Nous n’avons pas besoin de tes avis, petit berger.

Ragna voulut répliquer. Harog, très maître de lui, lui mit durement la paume sur la bouche.

Et solennellement la procession pénétra sous le porche, entraînant avec elle toute la lumière de ce jour unique où des parias allaient chasser Dieu de sa maison malgré la puissance de l’Église.

Les évêques, plus à leur aise dans une basilique que sur la poussière du chemin, se réunirent en un aréopage imposant, assistés chacun de leur diacre et de leurs clercs tenant les saints évangiles. Au milieu d’eux, sur un billot de chêne, fut déposé le parchemin de l’excommunication. Gundégisil voulait en donner immédiatement lecture, mais Marovée implora de lui la permission de s’adresser une dernière fois aux religieuses révoltées. Il les appela donc par leur nom et déclina leurs titres :

— C’est pour vous que nous sommes ici, Basine, princesse née de Chilpéric, et toi, Chrodielde, que l’on prétend fille de feu Charibert. Au nom des rois