Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/302

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Presque tous les bandits répondirent d’une seule voix :

— Nous jurons fidélité aux princesses ! Haine et mort à leurs ennemis !…

Marovée, horrifié, agita en l’air ses grandes manches de lin.

— Je vous conjure, ô filles des rois, d’empêcher le sacrilège. Ne faites pas couler de sang ici, dans cette basilique où on n’a jamais répandu que le vin de la messe, c’est-à-dire le glorieux sang du Christ mort pour vous racheter tous…, mes filles, mes enfants…

Il se mit à genoux pendant que Gundégisil, suffisamment édifié, saisissait d’une main ferme le parchemin posé sur le billot pour en donner haute et retentissante lecture. Il redoutait un nouveau scandale de la part de l’emmurée, se promettait bien d’étouffer ses cris d’orfraie en lançant plus fort ses anathèmes, lorsqu’un grognement d’ours l’arrêta.

— Je savais bien qu’on nous voulait reprendre le vin de la messe ! rugit tout à coup Childéric-le-Saxon, qui semblait très agité depuis que Marovée avait parlé du sang du Christ. J’en ai beaucoup bu, mais j’en boirai encore, par l’enfer !…

Et se précipitant sur Saffarius, évêque de Péri-