Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jamais de ton exécrable présence… Si elle ne t’avait pas connue, toi, la louve en chaleur, elle ne serait pas devenue si froide, elle m’aurait aimé peut-être sans le spectacle odieux de tes débordements…

Harog ne se possédait plus et la serrait au point de lui briser le bras.

— Laisse-moi, méchant garçon, cria Chrodielde. Tu me fais mal ! Ah ! l’on devine aisément que tu ignores le secret des caresses, toi, le maudit sorcier qui sait tout. Laisse-moi ou j’appelle Ragna, ton ami, et je lui commande de t’étrangler.

Il ne la lâchait point, la poussait d’un effort irrésistible vers la balustrade de la galerie avec l’intention évidente de la précipiter dans l’espace… Basine resterait seule, abbesse régnante…

Alors Chrodielde, se sentant perdue, se retourna d’une souple torsion de ses reins, s’enroula au buste de l’homme comme le lierre enlace le chêne, étroitement.

Elle gémit, très bas.

— Est-ce ma faute si tu m’as jeté ton maléfice, Harog, sorcier charmeur ! Je serais chaste à l’imitation de Basine… si tu voulais m’aimer… tout autant que je t’aime !

Et ses paroles vinrent mourir, avec ses lèvres, sur la bouche du jeune chef.