Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/326

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montrer un vrai castrat…, car, entre nous, berger-chasseur, je crois bien qu’elle n’en n’a jamais vu !

Cette extraordinaire bouffonnerie les déconcerta. Chrodielde haussa les épaules.

— T’expliqueras-tu ? fit-elle, pinçant la bouche en une grimace de dégoût, tandis qu’Harog serrait les dents pour déclarer :

— Vous passez la permission de la plaisanterie, Childéric.

— Je ne mens point, mes amis, s’exclama-t-il au comble de la jubilation. Nous en tenons un ! Il est en bas, solidement lié à une colonne de pierre pour qu’il ne nous échappe pas ! Un oiseau rare, je vous assure ! Il se démenait comme un diable dans l’huile sainte ! Les coups, ça lui était bien égal pourvu qu’on ne lui enlève pas sa tunique. Et on la lui a enlevée, naturellement. Il ferait beau fouetter sur double peau !… Nous avons donc saisi tout le mystère de cette affaire qui sera la plus joyeuse de ma vie… Quand on pense que je désirais… (et il pouffait de nouveau). Descendons ! Nous sommes des hommes ! Aog ! dirait Ragna s’il n’avait pas le vin triste depuis quelque temps.

Et tout hoquetant, le grand ours noir s’enfonça dans l’escalier poussant Chrodielde par la taille,