Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/33

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barbare, qui aimait à s’entourer d’un grand luxe de table.

Derrière le lit, accrochés aux murailles, pendaient des boucliers d’airain, des épées très larges, des haches à deux tranchants vernies d’huile, quelques-unes ébréchées indiquant par leurs glorieuses blessures celles, plus glorieuses encore, qu’elles avaient dû faire dans le crâne de leurs victimes.

Autour de la couche royale cela sentait très mauvais.

Harog se croisait les bras, attendant les ordres qui allaient leur tomber dessus comme des coups de fouet, et ses narines frémissaient de dépit. Ses yeux noirs, aussi luisants que ceux du roi, mais moins faux, dardaient une flamme de fièvre parce qu’il n’était pas remis de ses visions nocturnes. Il fallait répondre humblement. Le maître n’avait pas de patience, disait-on, malgré ses familiarités de joyeux soldat.

— Que penses-tu, toi, petit berger, de la maison de Radegunde ? demanda Chilpéric, se tournant vers lui.

Le petit berger se redressa, svelte, maigre, lévrier flairant le loup.

— Je pense, répondit-il tranquillement, que c’est une bonne prison.