Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/331

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Tu n’as rien à craindre de lui cette nuit, je peux l’affirmer, Chrodielde.

— Je suis une femme qu’aucun homme ne protège, Harog.

Il se leva, la repoussant doucement.

— Allons ! puisque tu n’es qu’une femme… Et prenant le museau de sa chienne, il lui murmura des mots mystérieux. D’un air tout résigné, l’animal se recoucha.

Ils descendirent quelques degrés conduisant aux cloîtres. Là, Chrodielde habitait l’ancienne cellule de l’abbé Porcarius, desservant de Marovée, ayant choisi ce réduit à cause du solide verrou de sa porte.

Harog inspecta cette chambre où l’on apercevait, sous la faible lueur d’une lampe à bec, un lit de mode romaine, c’est-à-dire élevé sur quatre pieds de bronze.

— Confiante en ta vertu, je t’ai fait venir, explique-t-elle, parce que Ragnacaire admettrait ton serment s’il nous surprenait.

Harog l’écoutait d’une oreille inattentive, tout occupé des coins obscurs où d’ailleurs rien ne remuait, ni Ragna, ni son ombre. Il ne restait donc plus à redouter que Boson-le-Boucher, Brodulphe-l’Adultère, Childéric-le-Saxon… qui encore ? Il se sentait naïf. Ne voulait-elle pas plutôt le faire tuer