Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/334

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esclaves ou mendiants, auront trop peur de se rendre désormais chez Marovée. En guerre les serments comptent peu. Nous vous suivrons, Ragna et moi, nos bras croisés sur notre poitrine pour bien lui montrer notre bonne volonté de chasseur, sans arme et sans chien.

Basine eut un sourire d’orgueil.

— Je te remercie, berger, de ta bravoure. Qu’en penses-tu, Chrodielde ? Serait-ce Childéric ou Brodulphe qui aurait eu cette vaillance dévouée ?

Chrodielde tourna la tête pour arranger ses cheveux qu’elle était en train de natter avec des fils d’or, préparant son costume de cérémonie.

— Je songe que si je remerciais Harog de son dévouement il croirait que je veux lui faire injure, murmura-t-elle, dissimulant un sourire de reconnaissance.

Au plein de la journée les deux princesses, l’une vêtue de blanc pur et l’autre d’écarlate, montèrent sur leurs meilleurs chevaux, car Chrodielde avait acquis la science équestre de sa cousine. Si elle n’était pas de force au galop, elle faisait belle figure, assise en idole dorée sur une bête calme, ses cheveux pendants rehaussés de bijoux. Moins jalouse de Basine, ce jour-là, elle souriait, heureuse de se