Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/349

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rant dans la cloître illuminait de son reflet sanglant le faîte de l’église, mais sa fumée rabattue sur ces hommes ne permettait guère de les reconnaître. Les chiens n’étaient pas de la partie, ce qui semblait indiquer que Ragna ne s’y trouvait point mêlé. Harog, dans cette nuit tour à tour changée en fumée ou teinte d’une pourpre sombre, y voyait mal, se heurtait contre les tombes du verger-cimetière, butait sur les marches de la chapelle. Une violente colère l’animait, mélangée de dépit. C’était donc cela les promesses de l’amour ? Des embûches perpétuelles dans la geôle des caresses ? Des baisers pour des blessures, un mensonge pour un serment, tous les parjures de ceux qui donnent avec la douceur de leur bouche la morsure de leurs dents perverses. Elle avait souri dans ses bras et cela suffisait pour que les flammes de ses yeux vinssent allumer l’incendie d’une torche de guerre ! Boson-le-Boucher, son amant, tous ses amants lui sacrifiaient la force de leur bras… et ils tuaient ensuite afin de noyer leur jalousie dans les torrents de larmes de leur victime !

Il pénétra par une ouverture d’où montait une senteur vague d’encens, car les meurtriers avaient fermé sur eux la porte de la chapelle.

À la pâle lueur que projetaient les étoiles dans