Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suis la directrice, ayez pitié de moi, je me rends. Faites-moi prisonnière, je vous jure de bien payer ma rançon !

Avec leurs épées nues et leurs lances, ils coupaient la nappe de l’autel, en dépeçant presque les mains des religieuses. Ils finirent par s’emparer de cette Justina, que, dans l’obscurité, ils prennent pour l’abbesse, lui arrachant ses voiles, la traînent par ses cheveux dénoués et l’emportent vivante, puisque celui qui avait promis sa tête à Chrodielde était mort.

Harog suivit le chemin de ses hommes. Il voulait savoir où ils passeraient pour rejoindre la basilique. Il fut étonné de descendre jusqu’aux caves ; là, ils traversèrent un couloir souterrain où il ne voyait même plus le reflet de leurs armes et ils aboutirent au jardin abandonné de l’ancienne maison romaine. Un des mendiants les attendait avec une seconde torche tout allumée.

Harog étouffait d’angoisse. Il l’avait sauvée une fois parce que son assassin n’était plus, mais ces gens ivres de la fureur de se voir trompés allaient-ils tuer la religieuse Justina et lui faire cruellement expier son dévouement ?

Les bandits faisaient cercle tandis que la femme se couvrait le visage de ses mains tremblantes.