Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/352

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— Harog est là ! fit l’Aveugle-né levant sa torche avec stupeur.

— Pourquoi n’y serais-je point ? gronda le berger tueur de loups. J’ai fait meilleure chasse que toi ! Nous ramenons l’abbesse que nous venons de faire prisonnière. Chrodielde sera contente de ce gibier.

On le regardait se demandant comment ce diable pouvait être partout en même temps. Là-bas dans sa caverne faisant probablement l’amour avec la reine et ici avec les esclaves bataillant pour elle.

Brodulphe avait entendu dire que le chef ne voulait point se mêler de cette affaire sinon pour l’empêcher. Brusquement il écarta les mains de la religieuse.

— Mais ce n’est pas l’abbesse, cria l’Aveugle-né baissant sa torche, c’est Justina que vous amenez à Chrodielde !

— Remontons, fit tranquillement Harog, aussi bien il y a un mort là-haut que je ne tiens pas à laisser dans l’ombre. Vous le rapporterez à Chrodielde en guise d’abbesse.

Il ricanait et, prenant cette torche, il ordonna lui-même la marche, protégeant Justina qui pleurait.

Dans les caves, Brodulphe, mécontent de cette expédition qui tournait au désastre, parla d’éclairer