Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/353

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les choses de manière à ce que chacun fût responsable de ses actes. Il n’osait pas fouetter la malheureuse nonne à cause d’Harog, peu endurant lorsqu’on lui manquait de respect sous les armes, et méditait cependant de faire un exemple. Il tira du cellier un tonneau qu’on avait jadis enduit de goudron et qui restait vide, il le porta, aidé de l’Aveugle-né, au milieu de la cour des cloîtres et, de sa torche, y mit le feu.

— Maintenant nous verrons clair à piller ici, s’exclama-t-il avec un grand rire de satisfaction.

Le goudron crépita, des flammes s’élancèrent, léchant les murs des cloîtres, attirant au dehors les vieilles religieuses affolées qui croyaient voir flamber leur monastère. D’elle-même, Leubovère se livra, se montrant à une porte, tendant les bras à sa prévôtesse désespérée.

Harog lui cria d’une voix tonnante :

— Viens près de moi, ma mère ! Rends-toi et il ne te sera pas fait de mal.

Brodulphe hochait la tête.

— Ce n’est pas toi qui nous as conduits et si Ragnacaire se fâche maintenant que tout est manqué, tu t’en expliqueras avec lui, berger jeteur de sorts !

— Que Ragna décide ! hurlèrent les autres furieux, parce qu’ils comptaient piller.