Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/374

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être parmi vous, pour vous aider à la défendre. Voulez-vous de moi ?

Basine redoutait extraordinairement de le voir pénétrer chez elle. Les chiens, qu’il avait souvent brutalisés, grognaient sur le seuil. Boson approcha, demandant Harog, la miné basse.

— Il est plus clairvoyant que vous tous. S’il était ici je crois qu’il m’accueillerait comme un frère.

Et ce disant il leur montra ses vêtements lacérés, des traces de sang sur sa peau.

— Regarde ce qu’ils m’ont fait là-bas, parce que je ne voulais pas égorger l’abbesse ! Je viens seulement vous prévenir que les gens de Chrodielde sont furieux et qu’ils ne tarderont point à vous donner l’assaut.

Boson ne mentait pas. Il n’en voulait ni à Leubovère ni à Basine. On ne pouvait pas consulter Harog, qui était allé ce jour-là porter l’eau sainte avec Marovée sur la tombe du pauvre Ragna, et personne ne comprit le dessein du boucher. Ce n’était qu’un bon serviteur de plus pour leur juste cause et on s’en réjouit. On lui fournit une arme, des vêtements et de quoi boire puisqu’il paraissait très altéré.

Les gens de Chrodielde, tout réduits qu’ils se trouvaient, n’en demeuraient pas moins dangereux