Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/387

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s’il avait eu lieu ; mais que, de plus, les accusant à son tour, elle leur demandait pourquoi, si elles l’avaient vu, elles n’en avaient pas averti leur abbesse.

Quant au jeu, elle dit qu’ayant joué du vivant de la dame Radegunde elle ne regardait pas cela comme une grande faute ; elle dit d’ailleurs que la défense de jouer n’était écrite ni dans la règle, ni dans les canons. Mais elle déclara courber la tête à l’ordre des évêques et prête à accomplir tout ce qui lui serait ordonné comme pénitence. Elle dit aussi, à l’égard des repas, qu’elle n’avait établi aucune coutume nouvelle et rien que ce qui se faisait sous dame Radegunde : qu’elle avait offert aux fidèles chrétiens les eulogies, mais qu’on ne saurait prouver qu’elle eût en aucune manière pris des repas avec eux. Elle dit aussi relativement aux fiançailles qu’elle avait reçu en présence de l’évêque, des clercs et des seigneurs, des arrhes pour sa nièce qui était une pauvre orpheline et que si c’était une faute elle en demandait pardon devant tout le monde ; mais qu’alors même elle n’avait point fait de festin dans le monastère. Quant à la nappe d’autel dont on parlait, elle présenta une religieuse noble qui lui avait fait présent d’un manteau de soie provenant de ses parents, après en avoir coupé un morceau pour l’employer à sa fantaisie ; que du restant elle avait fait, le mieux qu’elle avait pu, un parement qu’elle avait tâché de rendre digne d’orner l’autel ; et qu’enfin avec les rognures de ce parement elle avait fait une garniture de pourpre à la tunique de sa nièce ; don qu’elle lui avait fait, dit-elle, parce que sa nièce était utile au monastère : tout cela fut confirmé de point en