Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

point par Didimia, la donatrice. Quant aux feuilles d’or et à la bandelette ornée d’or (toilette de fiancée), l’abbesse appela en témoignage Maccon, notre serviteur, alors présent, parce que ce fut de sa main qu’elle reçut de la part du fiancé de la susdite fille, sa nièce, vingt sous d’or, ce qui par conséquent s’était fait publiquement et sans que les biens du monastère y fussent en rien mêlés. Chrodielde interrogée ainsi que Basine pour savoir si, ce qu’à Dieu ne plaise, elles reprochaient quelque adultère à l’abbesse, quelque meurtre, quelque maléfice ou quelque crime capital, à raison duquel elle dût être punie, répondirent qu’elles n’avaient rien d’autre que ce qu’elles avaient dit et que l’abbesse avait fait ces choses contre la règle. À la fin, elles nous produisirent des religieuses que nous croyons innocentes et qui étaient enceintes par suite des péchés qu’avaient amenés la violation de la clôture et la liberté où elles furent pendant plusieurs mois, les malheureuses, de faire tout ce qu’il leur plut sans la surveillance de l’abbesse. Tout cela ayant été discuté par ordre, et n’ayant trouvé aucun crime en l’abbesse qui pût la faire renvoyer, nous l’avons exhortée et admonestée paternellement, pour les fautes légères, à ne plus s’exposer à encourir de réprimandes par la suite.

Alors nous avons examiné la cause des parties adverses, coupables de bien plus grands crimes, en ce qu’elles ont méprisé l’exhortation que leur évêque leur fit dans leur monastère pour les empêcher d’en sortir ; qu’elles ont foulé aux pieds et abandonné dans le monastère le pontife avec le dernier des mépris ; qu’elles ont brisé les serrures et les portes ; qu’elles sont parties sans motif