Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/389

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en entraînant d’autres religieuses dans leur péché ; que de plus, l’évêque Gundégisil et ses suffragants, mandés pour cette même affaire, étant venus à Poitiers par l’ordre des rois et ayant invité les religieuses à comparaître devant eux au monastère, elles avaient méprisé cette citation ; que les évêques s’étant rendus à la basilique du bienheureux Hilarius, où elles s’étaient retirées, s’étant avancé vers elles comme il convient à la sollicitude pastorale, elles ont excité une sédition pendant qu’ils les exhortaient, ont frappé avec des bâtons tant les évêques que leurs serviteurs et ont répandu dans la basilique le sang des lévites. Plus tard, lorsque, par l’ordre des princes nos seigneurs, le vénérable homme et prêtre Theuthaire fut envoyé pour cette affaire, et qu’on eut décidé quand le jugement se ferait, au lieu d’attendre qu’il fût prononcé elles ont assiégé séditieusement le monastère, mis le feu aux tonneaux dans la cour, brisé avec des leviers et des haches les portes qu’elles ont ensuite brûlées, maltraité et blessé les religieuses jusque dans leurs oratoires, pillé le monastère, déshabillé et décoiffé l’abbesse qu’elles ont livrée à la dérision et traînée par les rues, puis renfermée dans un lieu où, si elle n’était pas enchaînée, elle n’était pas libre non plus. Quand vint luire sur ce monde le jour de la fête de Pâques, ni l’évêque par l’offre d’une somme qu’il fit pour la prisonnière, afin qu’elle pût assister du moins au baptême, ni les voix suppliantes qui le demandèrent ne purent obtenir cela par aucune prière. Chrodielde répondit sur ce point qu’elle n’avait ni su ni ordonné une telle action ; elle ajouta même que c’était sur un signe fait par elle pour