Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/68

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ment au-dessus de sa mitre, sur l’auvent, un bruit de pattes puissantes et crochues éclatait.

Poursuivi par les soldats, le loup, d’un bond formidable, venait de sauter là. Les jeunes clercs avaient vu passer, dans l’air, une énorme bête velue, aux yeux de braises. N’en demandant pas davantage pour être édifiés, ils entraînèrent l’évêque dans son dernier geste de bénédiction, criant que le démon venait de leur apparaître, et ils barricadèrent le porche.

Marovée ne sachant rien du loup se mit en oraison.

Dehors les soldats soufflaient dans les trompes, frappaient des chaudrons avec leurs épées et leurs lances, ce qu’entendant les sonneurs de cornes montèrent vivement aux tours pour donner l’alarme. Ce fut le vacarme d’enfer succédant au tapage sacré. Les mendiants gémissaient, les clercs psalmodiaient, alternant. En sa maison, Maccon, le comte de Poitiers, un homme ne craignant point les diables, appela tous ses serviteurs, pensant que l’armée de Guntchramm profitait de la fête pour attaquer la ville, et, écartant son rideau de cuir durci par le gel, il regarda sur la place ; il vit le grand portail de l’église clos et, de loin, une scène burlesque : un gros chat gris rugissant et miaulant dominant un