Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/73

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Il tourna la tête du côté de son évêque, la cire lui gouttant sur les manches. Marovée posa sa crosse de bois doré, ôta sa mitre. Il était chauve, de teint maladif, de nez long, avec des lèvres fines qui raillaient doucement.

— Si tu n’as vu que cela… serait-ce point quelque pauvre animal échappé des basses-cours ? Une oie mal saignée…

Un clerc s’écria malgré le respect sacerdotal :

— Une oie ? Il n’est ni oie, ni poule, ni canard, ni paon qui aurait les yeux qui me sont apparus entre les planches de l’auvent. J’ai vu luire sur votre tête tous les feux infernaux !

— Dis-moi, toi, Ebroïn, qui as osé regarder, continua l’évêque, ce diable paraissait-il jeune ou vieux ?

— Je ne saurais préciser son âge, mais il avait des ailes, j’en jurerais par la Sainte-Croix… et une gueule crachant des flammes !

L’évêque murmura, l’oreille toujours tendue :

— Une queue de poils gris, des ailes, des cornes, des yeux luisants, une gueule crachant des flammes !… Il faut monter sur la plus haute galerie pour nous rendre compte du danger que doit courir ce peuple… Allons, puisque la messe est dite.

Suivi de tout son clergé, l’évêque, après avoir tâtonné de la crosse, commença l’ascension de sa