Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

basilique. Ils montaient un à un derrière lui par un escalier de bois grossièrement équarri. Le son des trompes d’alarme tonnait là dedans et soufflait en tempête. Tout se coalisait pour effrayer les clercs déjà presque morts. Marovée, perplexe, pensait à la tristesse de l’époque.

Là haut, sur la galerie qui reliait le fronton, l’air se fit plus vif. Du soleil les inonda. Ils aperçurent, comme joint à eux par un pont de lumière, le monastère de la Sainte-Croix surplombant la basilique, tout proche, à toucher de leur index, suspendu sur leur tête en apparition céleste dans une gloire d’azur et d’or. Pourtant une immense roche séparait le monastère de la ville, bien qu’il fût à la fois en Poitiers et hors les murs, mais, à présent, cette roche comblée de neige, les blancheurs veloutant toutes ses aspérités, on avait l’illusion de pouvoir l’atteindre rien qu’en gravissant encore quelques marches. L’évêque n’aimait pas ce couvent. Il cligna des paupières, ébloui, se pencha du côté de la place où grouillaient les mendiants de tout à l’heure. Il la vit déserte. Alors ses clercs tournés vers la Sainte-Croix adjurèrent l’ombre de la bienheureuse Radegunde.

— Par le bois… psalmodiait Landéric.

— Par les clous… bégayait Ebroïn.