Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

auréole ne la glorifiât, car elle portait un capuce rabattu, puis, toutes les religieuses en habit de fête.

Durant que la trompe d’alarme tonnait, que le comte de Poitiers, las d’attendre son évêque, se faisait servir un quartier de venaison déjà froid, et que Marovée, las d’invoquer sainte Radegunde, les clercs las de trembler, regardaient mélancoliquement les nonnes se rendant à leur réfectoire, deux hommes s’arrêtaient aux portes de la ville, fort surpris de les trouver hermétiquement closes. Ils avaient la tournure de simples bergers. Leurs sayons de poils de chèvre hérissés de glaçons et leurs jambières frottées d’huile témoignaient de leurs habituelles courses en forêts ; ils étaient flanqués d’une troupe de sept chiens, vigoureux quoique maigres, dont une jeune et superbe chienne blanche qui étincelait sur la neige comme une perle de la mer sur son écume. Tous ces animaux s’assirent en de fières attitudes, attendant que leurs maîtres eussent demandé passage au portier. Le portier était absent.

— Il y a du désordre ici, dit le plus jeune des bergers à son compagnon.

— A… us ! grogna l’autre. Un jour de fête. J’ai soif !