Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/75

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— Par le sang du Sauveur et sa couronne d’épines, ajoutait instinctivement l’évêque, repris dans les anneaux de la chaîne liturgique.

— Par la très sainte et très auguste Croix, protège-nous, bienheureuse Radegunde.

— Ô mère de toutes les vierges de lignées royales qui te sont confiées.

— Éloigne de nous le péril ! soupira Landéric, dont le cierge s’éteignit.

À ce moment, où toute une ville haletait d’horreur en présence du maudit, on vit une chose jolie comme une image pieuse. Une femme se montra sur les terrasses romaines du monastère. Elle était habillée de blanc et suivie de deux servantes qui soutenaient la traîne de sa robe. Elle marchait lentement, faisant scintiller, en balançant le col, une sorte d’auréole blonde. Si elle leur avait crié : Ainsi soit-il, certainement ils auraient entendu. Mais elle ne se souciait point de l’évêque sur sa basilique ni de ses clercs balbutiant des litanies. Elle passait. Peut-être même ignorait-elle qu’un loup rôdât aux environs. Après elle passèrent, également suivies de deux esclaves, une femme, moins claire de silhouette, auréolée d’un nimbe obscur tachant la gloire du ciel, et une abbesse en manteau bleu, très digne en ses ornements bien qu’aucune