Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/82

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fourneau. Harog, lui, sifflant d’un ton de serpent rageur, essayait de retenir sa chienne, la favorite, qui volait en bonds de chèvre folle, de droite à gauche. Il rabattait les bêtes vers Ragna, leur faisant brûler l’arrière-train du gibier maudit, déjà très averti de sa fin. Toute la ville respirait. Ces deux garçons menaient cela de don naturel et il ne fallait point s’étonner du miracle.

Des galeries de la basilique de Saint-Hilaire, l’évêque, émerveillé, conclut à l’intervention de la Providence, mais, chasseur à ses moments laïques, il admira l’ardeur de ces braves animaux courant au diable. Une âcre senteur montait du tourbillon de ces fourrures chaudes, seul parfum capable de semer la panique parmi tous les chevaux d’une contrée. Ces chiens-là, providentiels, chassaient le loup et non une forme quelconque de Satan. Quant au comte Maccon, il se saisit de sa grande corne de vache pour virilement imiter le fracas de la Boivre et du Clain, un soir de débâcle.

— C’est Harog, le petit berger ! Harog, le chasseur ! Harog, le sorcier ! s’exclama-t-il avec des signes de victoire à l’adresse de la basilique.

— C’est un berger ! criait l’évêque Marovée se hâtant de descendre de la tour, tandis que ses clercs levaient les bras au ciel. Qu’on chante la délivrance !