Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/84

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un sourire dont l’orgueil démentait la modestie de la phrase.

— Aog ! rugit Ragna, l’accolant au milieu d’un chœur de sept chiens qui aboyaient de joie.

On fit cortège aux jeunes aventuriers jusqu’à la table du seigneur comte.

— Je vous invite à rompre le pain chez moi, mes amis, leur dit celui-ci généreusement. Vous venez d’accomplir de bonne besogne. Vos mauvaises têtes ont de bons bras à leur service. Je garderai la peau en souvenir du beau spectacle que vous m’avez offert.

— Il a tué le démon Goliath qui s’était changé en loup ! clamait la foule délivrée de ses angoisses, ivre de ne plus avoir peur.

Et des esclaves se hâtèrent d’apporter les gobelets de vin aromatisé pour les nouveaux convives.

On remarqua que le petit berger Harog, ce serf, ayant eu les honneurs du pain rompu avec un seigneur guerrier, contrairement aux usages qui voulaient qu’on gardât le morceau, l’offrit à sa chienne, la grande goulue blanche, laquelle, sans plus de façon, l’avala.