Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/85

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IV

Au monastère de sainte Radegunde, le diable s’insinua…
grégoire de tours

Harog tâtait la muraille afin de reconnaître ses endroits faibles, car on ne lui avait point dit de quelle façon il entrerait. Un brouillard épais cachait la lune et on ne voyait guère mieux au pied de ce monastère qu’en plein bois, cependant Harog savait bien qu’il monterait comme le lézard grimpant en plein soleil parce qu’il sentait sous sa tunique — une tunique d’agneau presque blanche lui donnant l’aspect d’un saint Jean — le très précieux parchemin que Ragna lui avait porté. Un instant découragé par la hauteur des murs se dressant à pic devant son espérance, il tira le message, tout brûlant de la chaleur de son cœur, et le flaira. Cela exhalait le parfum de l’église, un vague relent de myrrhe mêlé à une étrange odeur de fruit