Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/91

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Elle frappa les dalles du cloître de son pied, presque rose à la lueur de la lune. Harog, tout frémissant d’une colère mal contenue — il n’avait guère l’habitude de se contenir étant un très libre coureur des bois — lui répondit, debout :

— Je ne saurai désormais que ce que tu voudras m’apprendre. Seulement ne crains-tu point l’abbesse ? Et est-ce la prière qui fait lever les filles avant matines dans ce couvent ?

Basine, les bras tombés le long de sa robe, ne bougeait plus. Elle tendait le col, écoutant un bruit singulier de rat grignotant dans l’ombre.

— L’abbesse ne peut pas nous voir de ce côté de la terrasse et les murailles sont trop hautes pour qu’on les escalade. J’ai entendu la recluse, je crois, rien d’autre. Tu es en sûreté, Harog. Ne tremble pas.

Un frisson secouait malgré lui le tueur de loup. On se trouvait au printemps. La douce brise d’amour palpitait dans les branches des forêts jour et nuit. D’où venait qu’en ces lieux de ténèbres une femme et un homme se réunissaient pour écouter des bruits de rats ? Il se souvenait confusément d’une fille de prince menée en chariot, traînée par des bœufs blancs. Comme c’était loin, cette histoire, comme il en avait pourtant souffert de ce conte de