Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/93

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cachaient sous les branches de roses, des fosses où l’attendait peut-être un épieu bien affilé sur lequel il allait choir, se l’enfonçant jusqu’au cœur. Il aurait mieux aimé les bois, les très sombres forêts avec leurs aventures plus certaines. On ne redoute aucune bête lorsqu’on a son couteau près du flanc, mais, ici, dans ce jardin où les vivantes se promenaient pour seulement traîner leurs chaînes, ce verger-cimetière où les fruits mûrissaient pour tomber pourris sur des dents de mortes ! Non ! Il n’était point en sûreté.

Basine l’arrêta devant les pierres de la terrasse romaine, près du chemin de ronde où passaient les nonnes pour se rendre au réfectoire. À cet endroit, le ciment avait dû être entamé par la pioche. On avait dû creuser un trou, puis le reboucher avec un grossier mélange de cailloux et de glaise. À hauteur d’homme demeurait une fente : juste la place de glisser un morceau de pain.

— Écoute, Harog, notre emmurée qui prie pour tous les pécheurs du monde.

Harog, les cheveux collés aux tempes, se recula.

— Oh, Basine, fit-il dans un cri passionné, toi… toi… dans ce sépulcre !

Il ne voyait plus qu’elle à genoux, au fond de la muraille creusée, elle, broyée comme un oiseau