Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/94

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entre les lourdes mâchoires d’un monstre, elle, punie pour avoir voulu de l’air, du soleil, toutes les palmes de la forêt ou tous les bijoux d’une reine. Mon Dieu ! Cela n’était plus contes de vieilles filant quenouille ! On emmurait les nonnes qui cherchaient à fuir, on les punissait plus cruellement que des meurtriers.

— Et l’abbesse Leubovère ne lui pardonnera jamais ? questionna le libre tueur de loups horrifié.

Basine secoua la tête, le galon doré qui serrait les touffes rousses de ses courts cheveux jeta un éclair.

— C’est cette nonne qui a désigné sa propre pénitence, Harog. Elle s’est fait remonter avec des cordes par l’endroit même d’où elle s’était échappée, du temps de Madame Radegunde. Elle a reconnu ses torts en plein chapitre, le chanvre au col, tenant un gros cierge allumé. Elle a demandé pardon à Dieu et à ses supérieures parce qu’elle les avait induites en mauvais exemple[1].

  1. Dans la suite, elle se fit remonter dans son monastère avec des cordes par le même endroit d’où elle s’était précipitée et voulut que l’abbesse la renfermât dans une cellule secrète : « Comme j’ai beaucoup péché contre le Seigneur et contre ma dame Radegunde, je veux, dit-elle, me priver du commerce de toute la congrégation et faire pénitence de mes fautes ; car je sais que le Seigneur est miséricordieux et qu’il remet les péchés à ceux qui les confessent. » Et elle rentra dans sa cellule. — Grégoire de Tours, Hist. eccl. des Francs, XI, xi.