Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quoi : je n’ai jamais séduit ni cherché à séduire les gens. Je ne dissimule pas mes impressions, bonnes ou mauvaises et tout en m’efforçant de rester poli, je sais me détacher de la question qui ne m’intéresse pas. Quant aux menus cadeaux de la galanterie : sourires et gestes puérils, j’ai le dégoût de ce manège ridicule. Je veux ou je ne veux pas et ça me suffit.

Il y a un moment, une heure mystérieuse entre toutes, dans la nuit, où les humains ne savent plus ce qu’ils font ou ce qu’ils disent. C’est justement cet instant blafard, après souper. On est énervé ou fatigué à en avouer n’importe quoi à n’importe qui : le joueur y reperd sa fortune qu’il venait pourtant de regagner et la joueuse sa vertu qu’elle défendait avec la seule volonté d’une coquetterie à outrance. C’est terriblement dangereux, c’est surtout désolant pour les femmes dont le fard, se diluant, creuse les traits et pour les hommes dont une pointe d’ivresse embue l’œil qui voit un peu trouble.