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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/100

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jeune, un type romain, une tête à profil régulier, à mâchoire énergique. Il rit, pouffe comme un enfant, tout lui semble drôle. Occupant une situation des plus sérieuses parmi les médecins légistes, il a éprouvé le besoin de fonder un cercle de jolies femmes où les postulantes ne sont reçues que si elles peuvent lui montrer pattes blanches, ont des mains répondant à tel signalement bien établi.

Quant à Jacques Otorel, le caricaturiste, c’est un doux, un pur, un gentil garçon timide. Il sourit, salue et s’en va. Le lendemain, on trouve un écho ou un masque effondrant la réputation d’un cher Maître ou d’une actrice dans une feuille bien pensante. On croit qu’il l’a fait exprès, mais c’est malgré lui ; il salit ingénument comme on embellirait avec ferveur. À son sujet cette épigramme qui a couru tous les ateliers et qu’on n’a pas encore osé imprimer :

Jacques Otorel est un bassin
Qui penche, en art, vers l’anarchie
Son écriture c’est son dessin
Et il dessine comme on…

Quoique, en effet, un peu bassin, il est charmant. Il plaît aux mondaines parce qu’il n’est pas marié, et qu’on ne lui connaît au-