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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/108

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Sans broncher, Chancère continue :

— On y viendra quand on aura compris l’inutilité des engagements à long terme et l’immoralité de l’argent. On s’échange en nature. Payer une femme est ridicule… si ça lui fait plaisir, et, la dédommager, si ça l’ennuie, est toujours humiliant sinon pour elle, au moins pour l’autre. La pudeur n’existe qu’à l’état de convention mondaine. Le féminisme qui rendra les deux sexes égaux l’abolit de plus en plus. Maintenant les femmes fument dans la rue, elles sont la première de ces Messieurs chez le coiffeur, et travaillant comme des hommes, elles ont droit aux mêmes délassements…

— …obligatoires et gratuits ! ponctue l’incorrigible Boreuil.

Lui, en fait de communisme, il en tiendrait pour Tibère ! N’importe quel tyran éclairé plutôt que la masse des idiots.

Les voisines se révoltent, brusquement, par esprit de contradiction, un esprit instinctif chez elles.

— Si vous abolissez la pudeur, fait Raoule Pierly, les enfants de vingt ans, les poètes, les timides, viendront alors se consoler chez nous. (Et elle ajoute avec un joli sourire :) Elle se réfugiera dans notre sein, votre pudeur inutile. Ce sera notre accessoire de cotillon !