Aller au contenu

Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne veux pas qu’on renvoie Bouchette. Je prends Sirloup au collier et je lui indique la scène.

— Tu vas leur porter ça, Sirloup.

Et je griffonne sur la première feuille de papier à dessin que je rencontre ce mot fiévreux :

« Bouchette, je suis à vous dans un instant. Commencez à déjeuner sans moi ; j’ai besoin de vous pour travailler. Merci d’être venue. »

Sirloup hoche la tête, dresse les oreilles, regarde attentivement dans le jardin, me regarde et file, dégringole l’escalier quatre à quatre.

Il est superbe, se dressant devant Bouchette, la bousculant de ses fortes pattes, lui offrant ma missive avec toute la dignité d’un agent de liaison. Je vois des gestes de terreur, puis de gaîté. Francine flatte le chien et Nestor fait vivement volte-face.

Il me faut un instant, qui dure une heure, pour me préparer à recevoir Bouchette d’une façon décente. Ça, c’est bien ma veine ! Traits tirés, les yeux creux, le cerveau en bouillie. Nestor se multiplie autour de moi dans le cabinet de toilette, répétant qu’il a prévenu Monsieur.

— Un modèle unique, Nestor !

Nestor demeure insensible quant au mo-