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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/145

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en des pluies glaciales. Sirloup dresse l’oreille, de temps en temps, au gémissement mystérieux du grand ancêtre qui va encore plus vite que lui, rase la terre, joue avec les brindilles ou s’élance à la tête des arbres pour les faire plier. Je regarde le platane décapité. Il a, sur la gauche, une petite boursouflure, comme un furoncle. Encore une de ces végétations malsaines qu’il va nous exhiber, lichen, ou champignon ! Il luit, dans l’ombre mauve, tel un corps exhumé, le corps d’un vampire dont on ne sait si l’existence végétative n’est pas un danger secret.

— Sirloup, allons dormir, mon chien. Le sommeil est la seule chose bienfaisante parce qu’il ressemble à la mort, tout en nous permettant d’assister à notre résurrection.