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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/173

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chère Madame ? Le bois est mal fréquenté, dit-on, à cette heure tardive ? Êtes-vous blessée, dévalisée ? Vos agresseurs vous ont pris vos vêtements, sans doute ? Je peux vous défendre ou vous reconduire chez vous…

Alors, elle continue, de son côté, comme si elle était toujours à la recherche du quatrième, dans son salon, et elle m’apprend son histoire en termes hachés, décousus, invraisemblables, — je n’en crois pas mes oreilles et Dieu sait, pourtant, si j’en ai entendu, des confidences de femmes, des aveux troublants :

— …Vous pensez que pour une partie comme celle-là, on ne pouvait guère la risquer chez mon mari. On est traqué partout ! Dans les hôtels, on peut être vendu par les garçons, les chasseurs, ou les femmes de chambre. Ernest est à moitié gâteux et son imbécile de secrétaire, qui est un homme de lettres, n’attend que l’occasion de me faire du chantage. J’ai dit à Fernand que nous irions tout simplement au Bois. La voiture attend chez Laure, on la rejoindra passé minuit. Dites donc, il n’est pas minuit ? Il faut que je passe minuit, non… chez Laure… c’est indispensable. L’ennuyeux c’est que… qu’ils sont là, vautrés, mon cher, comme des porcs… c’est honteux ! C’est bien désagréa-