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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/186

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sans savoir si les gens sont chez moi ou si je suis chez eux. Entrez ou laissez-moi sortir. Ce discours est trop long. Que désirez-vous de tellement extraordinaire que vous preniez tant de précautions pour me le demander, puisque je suis prêt, naturellement, à vous accorder tout ce qu’il vous plaira d’exiger de moi ?

— Alain Montarès, je vous demande l’effacement du passé par la destruction totale du portrait que vous avec conservé, que j’ai eu la faiblesse de vous abandonner, de ce portrait qui fit une apparition scandaleuse dans une exposition, il y a cinq ans et qui, lorsque j’y pense, me force à rougir, là-bas, dans ma solitude de pauvre femme craintive.

J’avoue que je ne m’attendais pas à ce coup de massue ! Je suis ahuri.

— Vous me supposez capable, moi, de vendre ou de laisser reproduire ce portrait, pardon, cette étude de nu ? Pauline, madame Vallier, vous êtes folle ! C’est odieux ! Il est impossible que vous puissiez me juger aussi mal. Pourquoi me déclarer, d’abord, que vous me prenez pour un homme bien élevé ? (Je serre les poings, exaspéré, car c’est trop fort, je me révolte :) Ah ! c’est cela ? Vous êtes venue pour me demander un effacement encore plus absolu du passé, c’est-à-dire m’ordonner de détruire un objet, une image