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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/187

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à laquelle je tiens, moi, comme on tiendrait à la lumière, autrement dit de me crever les yeux et cela au nom de je ne sais quelle pudeur… de province, au nom d’un mort qui ne peut plus s’en offenser, qui n’eut jamais lieu de s’en offenser puisqu’il ne l’a jamais vu ? Ce sentiment de regret (je cherche le mot)… posthume, me paraît tout à fait inutile de vous à moi, encore plus inutile vis-à-vis des… autres ! Je n’ai connu M. Vallier qu’à l’état de fantôme dans notre vie. Il est mort ? Alors, il continue, pour moi, à ne pas exister ! J’ai le cynisme de vous l’avouer. Est-ce que, par hasard, vous reniez le passé au point de vouloir en retirer jusqu’au très pâle rayon qui en est, non pas la preuve, mais le reflet ? Ou doutez-vous de mon honneur en me supposant capable d’une nouvelle publicité autour de cette œuvre qui serait, en effet, une offense, non seulement pour vous, mais encore pour le sentiment très sincère qu’elle m’inspire ? Le portrait est ici, madame, et il n’en bougera pas. Il est resté dans le petit salon que vous connaissez, car je n’ai pas voulu lui faire subir la promiscuité de mes autres… images. Il n’en sera jamais question ni dans ma vie ni dans la vôtre. Il n’appartient plus qu’à mon rêve. Je l’ai même retouché au nom de cette pudeur dont vous parliez tout à l’heure, qui