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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/214

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que je veux ignorer. Vous avez le droit, puisque je reconnais ce droit, de me reprendre votre ancienne image, ou de la détruire. Je ne vous donne pas celui de me la faire renier… publiquement. Autre scandale ! D’ailleurs, que m’importe le public ! Je n’ai pas l’intention de vous… vendre un tableau pour une rétrospective ou une galerie de château. Je veux simplement tenir ma parole. Cette image vous déplaît ? Déchirez-la. Vous ne pouvez pas me déchirer davantage ! La chose est facile, n’en parlons plus ! À mon tour de vous défendre quelque geste superflu ! Celui de me parler en fille, vous !…

Elle murmure, d’un accent singulier, enfantin, et je n’ai jamais vu ses yeux si étrangement durs :

— Je retarde la pendule, Alain. Est-ce que par hasard, je n’ai pas aussi le droit de choisir mon heure ?

J’avais fait le plus héroïque effort qu’un amant, toujours épris, puisse faire en acceptant ce premier marché, car si je l’avais étourdiment proposé, je n’avais pas osé croire qu’on le réaliserait. Maintenant, je suis pris à mon propre piège, pris comme la souris, la grosse souris dans la petite souricière de son cabinet de toilette.

Je n’ai pas eu tort de refaire l’amour avec cette fille qui ressemble à la femme que j’ai