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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/217

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tion. Si vous faisiez cela, je pourrais croire à votre belle passion et emporter de vous, avec ce portrait, un meilleur souvenir. Vous ne m’aimez pas.

Je réfléchis, le front dans le couvre-pied de satin, me bouchant les oreilles pour ne plus rien entendre. Mon vieux fatalisme remonte. Après tout, c’est stupide de s’emballer comme ça sur des mots, des fictions. Il est clair que j’ai fini par entrevoir, tout à l’heure, la possibilité, pour moi, le plus vivant et le plus fort, de ne plus vivre, de me faire sauter la cervelle en rentrant chez moi, là-bas, derrière la grille de ce jardin, les barreaux de ma prison, c’est donc que j’envisageais de rester le plus faible après avoir joué, malgré moi, cette partie dangereuse ?

Je suis surtout un impulsif. J’ai aussi le tort fondamental de devenir enragé dès qu’on me résiste. L’amour, ça ne doit pas être une perpétuelle révolte devant le sens commun. Je n’ai pas encore trouvé la créature passive qui me subira tout en daignant me comprendre ou me pardonner. Est-ce une raison pour me priver d’une consolation à laquelle je tiens plus qu’à l’existence quotidienne ? Je ne suis ni ambitieux, ni intéressé par quoi que ce soit en dehors de mes passions, de ma passion… la belle affaire qu’une composition gâchée, une œuvre tarée, un