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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/222

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Nestor ne bougonne plus. Sa femme daigne sourire… tout en gardant une certaine réserve vis-à-vis de ce nouveau modèle, bien mondain. Cette dame avait d’abord posé déshabillée, elle a un remords, maintenant, et exige qu’on lui rende ses vêtements, c’est très légitime de sa part, mais combien superflu, vu la saison. Francine nous prépare des déjeuners et des goûters exquis, se distingue, malgré son mépris des caprices féminins. Quant aux dîners, on ne dîne pas, mon modèle se conformant au programme vertueux qu’il s’est tracé. Coucher ou s’attarder chez son peintre, ça, jamais ! Nous nous retrouvons ailleurs.

Sirloup me regarde tristement, de ses deux topazes divergentes. Ce chien regrette le grand voyage. C’est par excellence le compagnon de l’auto. Il voudrait courir assis, comme Bouchette. Ce sont là des luxes de simples d’esprit. Se rappelle-t-il la scène du Bois ?… Est-ce que je me rappelle, moi, les modèles du passé ? Non ! Pas plus que la petite branche du platane, ayant grimpé jusqu’au toit de verre, ne se rappellera ses premières feuilles. S’attarder dans le passé ou se trop préoccuper de l’avenir, c’est trahir deux fois le présent et c’est doublement inutile.

— Mon chien, sois donc raisonnable.