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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/230

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vous, Alain, qui ne comprenez rien à l’amour, en général ?

— Je tiens à ne pas perdre le bénéfice de ma particulière animalité. Ce chien m’obéit sans cesser d’être une créature fort intelligente : il me comprend, nous nous comprenons.

Elle s’assied, s’évente de son mouchoir. Sirloup vient lui lécher humblement les pieds. Il s’est pris d’une singulière tendresse pour ces petits museaux de velours qui font la navette, s’agitent sous les franges de la tunique.

— Laisse-moi tranquille, Sirloup. Tu as des puces. J’en ai trouvé une ce matin, au bain, et c’est une chose que je n’ai pas envie de rapporter chez moi.

Assis près d’elle, je baise ses mains, je remonte lentement jusqu’à la saignée du bras.

— Non, ne dérangez rien, je vous en prie. Je m’en vais demain. Vous le savez, cher Maître, nous n’avons plus que le temps d’être raisonnable, de travailler pour la dernière séance. Il fait tellement clair, ici ! Vous n’avez pas honte ! Mais, il me semble que quelqu’un me regarde du haut de ce plafond de verre.

— Ah ! oui. Dieu, le grand Voyeur.

Elle m’envoie un soufflet léger, mais cinglant tout de même. Ces caprices de chasteté