Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/231

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sont vraiment extraordinaires. Ils sont intempestifs, comme les puces de Sirloup qui lui n’a pas de… caprices. Là-bas, chez elle, elle supporte les pires fantaisies sans proférer un mot, une plainte, se bornant à serrer les dents à certaines minutes, n’avouant jamais, car ce n’est pas une coupable. Je lui ai fait observer, au sujet de la photographie de son défunt mari, que je la trouvais de trop entre nous : elle s’est contentée de hausser les épaules. J’ai eu le mauvais goût de lui raconter que les filles d’Espagne, auxquelles sa beauté s’apparente, avaient la coutume polie de tirer un rideau sur l’image du Christ quand elles recevaient… un client.

— Les morts ne reviennent pas pour si peu, m’a-t-elle répondu avec un tel mépris des convenances ou des inconvenances, que j’ai failli me révolter.

Il n’y avait plus qu’à prendre le portrait du défunt en question et à le flanquer par la fenêtre, seulement, ça n’aurait pas été… français. Je consens à devenir, passagèrement, un mauvais peintre, mais je ne veux pas perdre ma race pour si peu, selon son expression dédaigneuse.

Sirloup bâille, regarde la porte désespérément. Je l’ouvre. Il secoue la tête, refuse de sortir. Il tiendra tant qu’il pourra car il est la force de la bête, il représente la vie.