Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/247

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le corps humain que je visais, ce corps qu’on m’avait vu couvrir de ferventes caresses. La bête se dévouant au nom de son instinct, de sa passive obéissance à mes ordres, ne s’attendait pas à être récompensée par cette affreuse douleur lui broyant le crâne. Qu’a-t-il compris, mon chien, dans cet éclair du coup de feu le foudroyant aux pieds de celle qu’il protégeait, gardait, uniquement parce que je l’aimais, moi, son maître ?

Nestor m’a suggéré, respectueusement, l’idée d’avoir un autre chien. J’ai failli me mettre en colère, violence incompréhensible pour ce brave homme, colère d’autant plus aveugle que je pourrais concevoir, jusqu’à un certain point, le remplacement de la… femme !

Je travaille, je classe mes croquis de voyage et je pense à un album de souvenirs sur des vieux châteaux entrevus par de beaux couchers de soleil ou de pâles brouillards du matin.

Déjà s’entassent les cartes, les jolis cartons glacés des amis et des amies, invitations pour les thés, les déjeuners, les dîners où l’on rencontrera les mêmes gens, les mêmes femmes, les jeunes avant un peu vieilli, les vieilles avant rajeuni beaucoup. Il suffit de quelques mois d’une nouvelle mode pour changer les physionomies, mais ce sont tou-