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Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/33

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— Non. Il n’est pas à Paris en ce moment, mais ce n’est tout de même pas bien d’accepter. Je ne vous connais pas. (Elle ajoute, par association d’idées :) En effet, c’est comme en rêve. On fait des choses qu’on ne voudrait pas faire.

Elle est en ce moment l’écho de ma pensée, la petite fille hésitante et amusée par la tentation. Elle ne me semble pas du tout l’héroïne de la vilaine aventure. Vaut-elle mieux que ça ?

Nous marchons vers l’hôtel illuminé. Elle, se faisant un peu tirer. Moi, la tenant prisonnière. Il se dégage de ce jeune corps droit une étrange et timide tentative de résistance. Elle marche, oui, comme en rêve, mais elle a le coup d’œil attentif de l’oiseau prêt à fuir.

Nous sommes devant un perron. Un minuscule groom nous pousse dans le compartiment d’une porte tournante. Une table de deux est libre, dans un coin à palmes vertes. Gerbes d’œillets, napperons de dentelles et, sous la clarté opaline d’une coupe renversée, qui plane sur nos fronts comme une large hostie, ma compagne se dégante, saisit sa tasse, un doigt en l’air, accomplissant, d’instinct, le rite cérémonieux ; elle est bien Parisienne.

Selon le programme, nous bavardons. Un verre de Porto et elle entame les confidences.